23 avr. 2012

Voter loin de chez soi

Hier matin, j'avais rendez-vous de bonne heure à la mairie de Birmingham qui prêtait au consulat français une partie de ses locaux pour organiser l'élection.
On se serait donc cru dans une mairie française, à l'exception qu'à l'entrée on spécifie "I'm here for the French General Election' et qu'aucun tableau du président n'est affiché.

Au Royaume-Uni, on estime à 400 000 le nombre de Français appelés aux urnes.Environ 1 million de Français sur 45 votent en tant que "Français de l'étranger"

Carte des bureaux de vote rattachés au Consulat général de Londres


Je devais contrôler les pièces d'identités avant le vote, vérifier les noms par rapport à la liste consulaire, noter les pages...
J'ai enfin compris hier à quoi servait une carte électorale en France ! Et oui, on a l'impression qu'elle ne sert à rien, mais c'est devant son absence qu'on se rend compte de son utilité.

Ici, personne n'en a une, et il n'y a donc aucune infos sur le classement des votants dans la liste. Donc j'avais devant moi une longue, très longue, liste de 2600 personnes, avec aucun repère visuel, le seul ordre alphabétique pour s'y retrouver...
Or, les Français de l'étranger ont souvent des noms à consonance... étrangère : du type "bonjour, je me suis mariée avec un Anglais alors je sais pas quel nom est le bon dans la liste"  "bonjour, je suis né en URSS et j'ai changé de nom"... Pas facile de s'y retrouver !

Contrairement à en France, la plupart des gens ne sont pas au courant des démarches à effectuer pour pouvoir voter hors de France. Ce qui vaut des moments épiques du type :
"bah moi j'ai rien sur moi, mais bon je veux absolument voter"
ou un homme qui arrive avec toutes les cartes d'identités de sa famille en me disant :
 "- euh alors moi toute ma famille est malade et ils avaient la flemme de venir donc bah je vais voter pour tout le monde, hein.
- Vous n'avez pas de procuration ?
- bah nan, mais c'est ma femme et mes gosses, je peux voter pour eux quand même sans leur demander leur avis"...
- ???"
Beaucoup de personnes âgées aussi qui sont arrivés en me chuchotant :

"oui, moi j'ai jamais voté de ma vie, vous pouvez pas m'aider, je sais pas ce que je dois voter/faire"...

Isoloirs anglais


"- Ils sont où les isoloirs ?
- ce sont des isoloirs anglais, donc ça ressemble à ce truc sans rideau où tout le monde peut voir le vote, là..."












Enfin, il y a toujours ceux qui ne veulent pas prendre d'enveloppes, qui ne veulent pas signer, qui ne veulent pas aller dans les isoloirs...

En pleine hésitation devant tous ces bulletins
J'ai donc passé une bonne journée, rencontré beaucoup, beaucoup de gens très différents.
On a établit beaucoup de procurations pour le second tour, auprès des délégués du PS et de l'UMP qui étaient là, eux aussi.
 On débat, mais tout le monde se tait quand les électeurs arrivent...









Ma journée presque non-stop s'est terminée à 21h (heure française). On a tous compté les signatures, une fois, deux fois, à la main, à la calculatrice. (moi qui suis très mauvaise en calcul mental c'était un très bon entrainement!)
Quand tout le monde était d'accord, on a compté les enveloppes, qui étaient au même nombre, on pouvait enfin faire le dépouillement.
En tant que membre du bureau de vote, je ne pouvais pas y participer, selon la loi, mais je devais rester jusqu'à la fin pour signer les procès verbaux...


A la même heure en France, les résultats nationaux viennent de tomber.
On avait déjà avant quelques estimations, à la vue des délégués des partis UMP/PS qui passent déjà coups de téléphone/mails/sms depuis le midi.
Mais on n'a rien pour écouter les résultats nationaux....
Les batteries des téléphones sont presque toutes à plat, pas d'ordis connectés, pas de télés, juste un fax qui après l'avoir stimulé toute la journée veut bien fonctionner le soir. Mais il sert à rien lui non plus.

Quelqu'un a finalement un téléphone portable qui fonctionne, connecté en plus, et on se met en rond autour de la radio qui annonce en direct à la fois les bons score de la gauche et de l'extrème-droite.



A Birmingham, on commence à compter enfin les bulletins de vote. Les résultats sont assez surprenants.

Au Royaume-Uni, les Français de l'étranger vote traditionnellement peu (20% de PARTICIPATION, 80% d'ABSTENTION) et plutôt à droite.
Finalement, le taux de participation est de presque 27 %, très honorable pour un vote dans ces conditions. (certaines personnes inscrites sur la liste doivent faire au moins 1h de route pour voter). 
Mais c'est surtout les résultats, très à gauche, qui surprennent pour un vote effectué au Roayaume-Uni :

Les résultats de Birmingham :
François Hollande : 41.63 %
Nicolas Sarkozy : 24.54 %

François Bayrou : 14.59 %
Jean-Luc Melanchon : 7.79 %
Eva Joly : 4.35 %
Marine Le Pen : 4.31 %

Nicolas Dupont-Aignan : 1.66 %
Philippe Poutou : 0.83 %
Jacques Cheminade : 0.50 %
Nathalie Artaud : 0.00 %


Après avoir signé tout ce qu'il faut, il est temps de rentrer chez moi, essayer de regarder quelques bribes à la télé anglaise... Rien n'est diffusé ou presque, puisque quand ils en ont parlé, c'était avec de mauvais chiffres.
Ma connexion internet est aussi lente, très lente, je suis frustrée !
Fin de soirée électorale, on jette les bulletins inutiles désormais.



On remet ça dans 15 jours !


Ps : Les résultats de Birmingham ne sont pas représentatifs du vote des Français de l'étranger en général qui viennent de tomber :

Liste des candidatsVoix% Exprimés
Mme Eva JOLY21 9475,44
Mme Marine LE PEN23 9955,95
M. Nicolas SARKOZY153 30138,00
M. Jean-Luc MÉLENCHON33 5038,31
M. Philippe POUTOU2 8430,70
Mme Nathalie ARTHAUD1 1370,28
M. Jacques CHEMINADE1 4570,36
M. François BAYROU45 86711,37
M. Nicolas DUPONT-AIGNAN5 1481,28
M. François HOLLANDE114 19728,31

7 avr. 2012

Dans la brume de l'Ecosse

Si on connait bien en France le concept du jour férié le "Lundi de Pâques", en Grande-Bretagne aussi. Les Anglais vont même plus loin ; ils ont inventé le "vendredi de Pâques" qui est aussi un jour férié. C'est donc aujourd'hui, jour férié ici, que je prends mon clavier et ma souris pour vous raconter quelques aventures écossaises.


Il y a un peu plus d'une semaine, nous sommes partis direction LE NORD du pays, presqu'un autre pays d'ailleurs ; l’Écosse. A 500km de notre chez nous. 8h de bus.

Bon, ça commençait mal: le bus qu'on devait prendre, Julie, François et moi, on l'a attendu au mauvais endroit...
On a donc attendu dans le froid, à 6h du matin, un bus qui n'est jamais venu. Oui, je suis un peu gourde parfois, je crois bien connaître Birmingham mais il faut croire que je suis toujours aussi tête en l'air.






Arrêt sur l'autoroute dans une station service

Bref, on ère donc avec nos valises à la recherche d'un train/bus/cheval/vélo n'importe quoi qui peut nous faire traverser le pays.
On trouve un autre bus, à 60€, qui fait le trajet en 8h30 de route. Blasés, on se décide donc pour celui-là.
Finalement, le trajet n'est pas si horrible que ça, on a des grands fauteuils en cuir, et mon petit ordi pour regarder la série LOST...

La station d'autoroute est plutôt sympa !


Au fur et à mesure qu'on avance, le paysage se fait de plus en plus vert et montagneux. On passe par la région des lacs (The Lake District) et la ville de Glasgow avant d'arriver, finalement, à Édimbourg.

On arrive alors chez Charlotte... Le lendemain, on retrouve Virginie pour commencer enfin la visite de la ville !






Edinburgh (écriture anglaise, à prononcer Edinebrrrrra), c'est donc la capitale de l’Écosse. On a commencé la visite par la vieille ville, avec ses rues médiévales et sa grande cathédrale. On découvre pleins de petites ruelles, petits murs en pierre...



Voici donc quelques photos en vrac de la grande rue High Street où s’entremêle plusieurs églises/
cathédrales, clochers/
donjons
menant au château.
La cathédrale. Devant : la statue d'Adam Smith.
Le château, vu d'un peu plus bas.

On remonte donc la grande rue principale, on visite au passage la cathédrale, assez jolie d'ailleurs. Tout ça nous mène tout en haut, au château qui surplombe la ville.
Comme nous le fait remarquer notre ami Wikipédia, ce château a été construit au 12ème siècle ;  "le roi d'Angleterre envahit l'Écosse en 1333, marquant le début de la deuxième guerre d'indépendance de l'Écosse. Les forces anglaises ont donc fortifié le château d'Édimbourg qu'ils ont occupé jusqu'en 1341. L'ultime attaque écossaise fut menée par William Douglas. L'opération fut un succès et le château revint aux Écossais."

On continue la visite en se baladant tranquillement dans la ville, vu qu'on n'a pas voulu dépenser plus de 15€ chacun dans la visite du château...

On tombe sur quelques vieux murs d'universités, au détour d'une rue.

J'ai l'air un peu con, c'est la magie du retardateur


Il est déjà temps d'aller se manger un petit truc, on essaie donc de se trouver une place dans le fameux bar où J.K.Rowling a écrit Harry Potter. En vain. On continue jusqu'au bar "Frankestein" où on mange bien british, dans la pénombre de l'ambiance de ce bar. (pour accentuer le truc, quand on va aux toilettes, ils ont mis des cris lointains de femmes qui se font égorger, c'est un peu flippant).

En sortant, on croise la statue de "Bobby", le chien d'un policier écossais, connu pour être le plus fidèle animal du monde. Après que son maître ait été enterré dans le cimetière de Greyfriars, le chien est resté au pied de la tombe pendant 14 ans. Quand il meurt en 1856, il sera enterré juste à côté de la tombe de son propriétaire.

Moi et Charlotte




Pour continuer dans l'ambiance, on s'est donc promené dans un...cimetière. 

Cimetière flippant et joli à la fois

Le bar-bibliothèque
On a ensuite continué vers le Scottish National Gallery, musée assez sympa, avant d'aller boire un verre à "The Library Bar".

On boit un petit café entourés par  de vieux livres, c'est assez sympa.









En ressortant, c'est la surprise : la petite brume du matin a laissé place à un épais voile de brume, on ne voit plus grand chose de la ville.


L'air est vraiment saturé par l'humidité, c'est assez impressionnant de visiter une ville dans ces conditions.
On passe par exemple sur un grand pont, où de part et d'autre, on ne voit rien de ce qu'il y a en dessous. On marche, mais au bout de quelques minutes on n'aperçoit plus ce qu'on vient de voir quelques mètres auparavant...

Le programme de l'après-midi était d'aller à Carlton Hill, une colline situé dans le centre d’Édimbourg. La colline abrite de nombreux monuments, mais elle est surtout connue pour pouvoir admirer... la vue sur la ville !
Avec toute cette brume, ça va pas être évident, mais pas découragés, on continue.




L'ambiance tout en haut est assez étrange, on se retrouve plongés dans le blanc, on n'aperçoit les choses qu'à quelques mètres.

On en profite donc pour se faire une petite séance photo sur les monuments. On escalade péniblement les marches, et on observe au loin des mariés se faire prendre en photo dans toute cette brume... On voit aussi un groupe de danseurs habillés en blanc au loin ; dans ces conditions, on dirait plutôt une réunion du KuKluxKlan...

En dessous c'est le vide, mais on ne voit rien, heureusement...






Bien fatigués par la journée, on redescend dans la ville, toujours plongés dans cette atmosphère. On nous donne dans la rue... une banane, qui nous donne droit à un cocktail rhum-banane dans un bar à côté. On se prend donc cette petite pause méritée, et on choisit de continuer la soirée par la visite de "Edinburgh Underground". 
Le principe est de faire une petite visite guidée des petites ruelles et lieux sous-terre situés dans la vieille ville et qui font PEUR.

On n'a pas beaucoup de photos, la brume était si présente que l'appareil photographiait les épaisses gouttes d'humidité dans l'air ;  
La guide était parfaite, parlant d'une voie forte avec l'accent écossais  (=l'anglais en roulant les rrr, ce qui fait un mélange très bizarrrrre)
Elle donnait vraiment le frisson. Avec l'ambiance très calfeutrée, dans toute cette brume, dans cette ville aux petites ruelles médiévales et en pleine nuit, on y croyait vraiment. On a continué ensuite dans les sous-sols d’Édimbourg, avec des histoires de fantômes dans de vieux murs de pierre. François a été désigné par la guide pour être le dernier de la marche, celui qui surveille si tout le monde a survécu à l'expérience. Tout le monde ayant survécu, on est rentré finalement chez Charlotte en passant par un grand parc, lui aussi plongé dans cette brume...
























Bref, c'est fini pour cette journée à l'ambiance si particulière, les autres jours, le soleil était bien présent...
A bientôt pour la suite !