12 oct. 2011

Étudier dans une université anglaise...

Après deux semaines d'intégration et deux semaines de cours, je commence à avoir une réelle idée du système universitaire britannique. Il continue néanmoins à m'étonner chaque jour, et pas toujours positivement.


"Welcome talk"
Le premier jour, nous sommes accueillis par un discours d’accueil, assez surréaliste. Devant la centaine d'étudiants étrangers, trois personnes se succèdent, toutes là pour nous lancer des fleurs...
« Que vous êtes braves ! Que vous êtes courageux ! Vous avez été sélectionnés parmi les meilleurs universités du monde, vous êtes une vraie chance pour notre école... Vous êtes probablement plus intelligents que nos propres étudiants...Encore bravo et merci ».
Après nous avoir présenté brièvement l'histoire de l'université, ils nous montrent en quoi celle-ci va révolutionner notre vie. « Notre université est la 1ère après celles de Londres en terme d'employabilité...Nous sommes très bien classés, notamment pour les matières scientifiques ».

Ensuite, on nous présente sur le power-point 4 messieurs super-costauds, et on commence à nous expliquer qu'ils sont là pour assurer notre sécurité. Ainsi, il y a des caméras partout dans l'université, avec 4 mecs à côté de la réception qui passe leur temps à regarder les images. Mais ce n'est pas tout ! L'université a de « très bonnes relations avec la police de Birmingham », il ne faut pas hésiter à les appeler en cas de besoin, « ils sont très gentils » … C'est assez surprenant pour moi qui m'imagine alors 4 agents de sécurité dans le cloître à Sciences Po, se déclarant amis avec la police municipale de Rennes...
Je ressors de là un peu surprise, mais je me rend vite compte qu'il va falloir s'y habituer. La communication est au cœur de tout dans cette université ! Nous avons le droit à des petits papiers sponsorisés pour tout et n'importe quoi, et de larges écrans plats un peu partout dans l'université affichent eux aussi tout et n'importe quoi...
Imaginez un énorme écran plat affichant « Bienvenue aux nouveaux étudiants », à coté d'un autre affichant quelques horaires de bus, puis d'un autre à propos d'un changement de cours, puis un sur le site de l'université, puis un autre avec...rien. Un bon vieux panneau d'affichage avec des punaises ? Vous rigolez ou quoi ? Vaut mieux acheter un grand écran plat, ça peut toujours servir !


Aperçu sud du bâtiment principal, au milieu en bleu et rose quelques ascenseurs
Je me promène ensuite dans les couloirs, et vois des dizaines de grandes photos en noir et blanc, avec un cadre aluminium.
Ce sont des étudiants, des profs, du personnel administratif, affichés là avec une petite légende expliquant leur rôle dans l'université.
Il faut dire que j'ai le temps de lire les légendes, étant donné que je passe mon temps à me perdre dans cette université gigantesque...



Le bâtiment principal compte 8 étages, et 4 directions : nord/ sud/ ouest/est. Tous les jours, j’arrive au moins 10 minutes en retard, énervée, après avoir fait le tour du bâtiment...Pourtant, j'ai le sens de l'orientation, mais ils trouvent que c'est plus rigolo sûrement d'indiquer l'ouest, l'est et le nord par un panneau au sud ...


Quand je vous dis que la com' est partout... Ici, le logo sur une grue!
Je me dirige vers la bibliothèque, ouverte ici de 8h le matin à 11h le soir, puis 24h/24 tous les jours de la semaine à partir de décembre. Ici, aussi, tout est basé sur la com'. Le rez-de-chaussée de la bibliothèque est entièrement occupé par un café, des canapés classes, et des ordis, dont des apple Imacs. Deux personnes passent leur temps à vérifier que personne n'entrent s'en frauder... Les 3 autres étages semblent en revanche assez proche d'une bibliothèque universitaire française.



Si vous avez le courage, vous pouvez me suivre à la Students' guild, le bureau des étudiants local. Si à Sciences Po, il s'agit d'une association étudiante sympa qui organise des soirées, ici, c'est une toute autre dimension ! Il y a un bâtiment entier qui leur est consacré, avec à l'accueil, un étudiant qui travaille pour le compte de l'université. Sur votre droite, il y a un magasin, où il est possible d'acheter trousse, agendas, classeurs, mugs, tee-shirts, pulls, à l'effigie de l'université. Plus loin, un subway, un café et un bar. (il n'y a pas de restaurant universitaire en Grande Bretagne). Au centre, une grande salle avec des écrans plats , où les soirées sont parfois organisés. Lors de la première soirée d'intégration, nous avons ainsi pu regarder des vidéos Youtube sur les écrans...


Vous pouvez continuer votre petit tour sur le campus et découvrir le « multi-faith centre ». Il s'agit d'un lieu pour venir prier et discuter, et ce, pour n'importe quelle religion. 
Plus loin, vous pouvez même venir célébrer votre mariage sur le campus ! Je me rappelle d'ailleurs d'une des toutes premières journées à Aston, où, cherchant les toilettes, je me retrouve en plein milieu d'un mariage, un vendredi après-midi. Une personne chargée de l'administration m'a vite repéré avec mon look d'étudiante, qui dénotait face aux tenues classe du mariage...

Quelques images du campus :





Évidemment, toutes ces infrastructures ne sont pas gratuites, et les étudiants le savent bien. Il faut compter entre 5000 et 10 000 € l'année universitaire, sachant qu'il faut toujours faire 3, 5 ou 8 ans à l'université pour avoir un diplôme... Faites le calcul !

Vous vous dites certainement que derrière tout ça se cachent de supers cours, méga intéressants, où les profs sont trop des génies...

Mon emploi du temps
Première surprise : j'ai un emploi du temps plus que léger, avec 12 heures de cours par semaine. J'ai donc cours seulement le lundi et le mardi.

Deuxième surprise : chaque cours est censé durer deux heures, mais en réalité, ils durent très souvent une heure et demie. 
« Je sais, c'est dur de commencer les cours à 9h... vous avez l'air fatigués... bon, je vous laisse partir, à la semaine prochaine » (25 minutes avant la fin)

Troisième surprise, les cours... ne sont pas vraiment des cours ! Il y en a plusieurs types :
  • celui où le prof lit son power-point, puis s’interrompt pour demander leur avis aux élèves toutes les 5 minutes. « demander à votre voisin ce qu'il pense de Durkheim »
  • Celui où le prof décide de ne pas faire de cours. Par exemple, le cours de « British politics since 1945 ». J'imaginais, assez bêtement, suivre un cours d'histoire sur la politique britannique (système, partis, évolutions idéologiques...). Ah mais non ! Le prof nous propose de faire le cours tous seuls, chez nous, avec des bouquins, et de venir en cours pour discuter de nos opinions politiques. A 50 dans la salle. 
     
  • Celui où le prof se croit au collège. Ça c'est les cours pour les internationaux. Nous sommes deux/trois français avec 45 chinois dans une salle, et on nous explique que la préhistoire bah... y'a pleins de mystères avec des gros cailloux, des druides et Stonehenge...

Un point commun à tous ces cours : les profs nous donnent de longues listes de livres à lire. C'est à nous de faire le cours. 
Hier par exemple, nous avons vu en cours de sociologie du crime toutes les approches théoriques sur les crimes. A Sciences Po, ce cours de 1h aurait fait l'objet d'un semestre entier. Ici, le prof nous dit deux mots sur chaque théorie, et à la semaine prochaine ! 
Les élèves paient 5000 à 10 000€ chaque année pour avoir le droit de lire.

Une dernière chose, les profs communiquent beaucoup par mail. Hier matin, je me suis ainsi retrouvée en cours de maths, n'ayant pas vu le mail concernant le changement de salle... Après un quart d'heure, et quand on m'a demandé de faire des équations, je suis partie plus ou moins discrètement !




En résumé, je suis souvent déçue. L'éducation est la base d'une société méritocratique, mais très souvent les anglais ne peuvent y accéder. Peut-être vous souvenez vous des manifestations étudiantes en Angleterre l'année dernière, quand le gouvernement de Cameron avait annoncé un triplement des frais de scolarité...
Je pose évidemment un regard très franco-français sur un système bien diffèrent du nôtre, mais je ne peux m'empêcher de penser que j'ai beaucoup de chances d'étudier en France. 
Les cours sont d'une qualité largement supérieure, pour un prix absolument incomparable. Alors oui, nos bâtiments sont parfois vieux, parfois des profs sont absents... mais il y a toujours un respect pour l'éducation, non entravé sans cesse par l'argent.

6 commentaires:

  1. Super intéressant !!!
    Ça va rester le coup du cour de maths ;)

    Bisous à tous les deux, j’espère que tout va pour le mieux.

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  2. woaw la classe! Je te rasure c'est typiquement le système à l'anglais que je retrouve chez moi aussi. Bon courage en tout cas. C'est très bon ces petits articles. :-)

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  3. Regarder des videos sur you tube pour la premiere soiree , c'est vraiment de bon gout.

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  4. Oui c'est assez impressionnant de voir tous ces produits dérivés.. Et ça ne s'arrête pas simplement au T-shirt, ils ont carrément des trucks au nom de l'université.. c'est assez démesuré et tu te demandes vraiment où passe l'argent des étudiants.. A côté de ça, on a quand même une bonne qualité d'enseignement ici et les profs font vraiment tout pour que l'on réussisse. A relativiser donc!

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  5. @ Gildas : je me suis bien sentie seule en cours de maths, enseigné en anglais... Je rigolais intérieurement!

    @Flo : C'est la classe, sans vraiment l'être. C'est cool sur un C.V., mais dans la réalité...

    @Olivier : je te rassure, on n'a pas fait que ça lors de la soirée ! C'était de temps en temps. J'ai mis ça sur mon article pour montrer comment l'argent des étudiants était investi d'une manière très utile : les écrans plats !

    @Servane : nous aussi, plein de produits dérivés, j'ai pas tout listé ! Tant mieux si tes cours sont intéressants, tu en as de la chance... Je ne comprends pas trop pour mes cours, étant donné que mon université est bien classée. Mais j'ai eu des retours d'autres étudiants au Royaume-Uni vivant la même chose aussi.
    Je pense que c'est pas partout pareil, heureusement d'ailleurs. C'est juste ma petite expérience ! Dans tous les cas, je pense vraiment que "ça pue le fric", et comme tu le dis, on se demande vraiment où passe l'argent des étudiants !

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  6. Contente de constater qu'il n'y a pas que chez moi (en Suède) où les cours semblent fait pour des attardés (surtout les cours pour exchange students).
    J'ai pour ma part 8h de cours AU MAXIMUM par semaine et contrairement à toi, nous on a quasiment rien à lire chez nous...
    Enfin bon, profitons bien de cette année relax, on aura tout le temps de retrouver les joies du système français en 4A !! :)
    Mathilde

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